L'interprétation réactionnelle des dogmes chrétiens.

Au cours de l'histoire, les dogmes chrétiens ont quelquefois été associés aux prétentions de la métaphysique classique. Celle-ci s'est effondrée dans des "conflits sans fin", comme le disait Kant. Il en résulte la tâche de réinterpréter les dogmes en les détachant de la prétention à savoir tout l'essentiel de manière indiscutable.

L'une des métaphysiques classiques a, par exemple, prétendu que la proposition "Dieu existe comme le Créateur" est démontrée par des preuves concluantes. C'est là la caractéristique du théisme. Sa rivale prétendait savoir, à l'opposé, que tout résulte de la Nature. Il s'agit là de l'athéisme naturaliste. Si l'une comme l'autre de ces doctrines résulte d'une prétention abusive au savoir, il s'impose de les laisser tomber l'une et l'autre.

Que signifie, dans ces conditions, l'appel à croire néanmoins à la Création ? On est sur la voie qui mène au théisme si on essaie de penser que tout ce qui nous entoure a été créé par Dieu; on va à l'échec, par suite, il va falloir le reconnaître, et, par suite, revenir en arrière (conformément au mouvement typique de la reconnaissance (Mouvement typique). Et sur ce chemin du retour, la logique classique est assez éclairante.

Nommons X et Y les thèses dominantes du théisme et de l'athéisme naturaliste, plaçons-les dans un carré "aléthique" (défini par Blanché comme analogue du "carré modal" classique) (Carré aléthique) avec leurs contradictoires Non-Y et Non-X :

 

X
Il est établi que Dieu existe comme le Créateur.
Y
Il est établi que tout, dans le monde,
résulte de la nécessité naturelle.
Non-Y
Il n'est pas établi que tout, dans le monde, résulte de la nécessité naturelle.
Il est plausible que Dieu existe comme le Créateur.
Non-X
Il n'est pas établi que Dieu existe comme le Créateur.
Il est plausible que tout, dans le monde résulte de la nécessité naturelle.

Le dogme de la Création ne se comprend sensément, aujourd'hui, qu'au sens faible de la plausibilité, au sens de Non-Y, qui présente l'insigne intérêt de n'être ni réfuté, ni réfutable. Quel sens pourrait-il y avoir alors à y croire, demandera-t-on ? Eh bien ce serait de rejeter catégoriquement l'idée de la nécessité naturelle, ou de la fatalité, qui se propose assez régulièrement à nos esprits pour nous attirer à la dépression.

En présence des dogmes chrétiens, il ne faudrait donc pas se demander d'abord à quel contenu positif ils proposent d'adhérer, mais plutôt contre quelle idée néfaste ils suggèrent de réagir. Telle en serait l'interprétation réactionnelle.

Quelques fiches consacrées à l'évangile de Marc montrent comment s'y déploie l'interprétation réactionnelle en terres chrétiennes. (Marc réactionnel) .

Si telle n'est pas votre intention, vous pouvez retourner à la table des matières de l’interprétation réactionnelle.

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